Aujourd’hui, je viens vous parler d’un absolu coup de cœur littéraire, d’un texte qui m’a touchée comme très peu d’autres ont su le faire, mêlant rêveries nostalgiques et réflexions profondes sur ce qui, finalement, guide nos vies. Aujourd’hui, je viens vous parler d’une quête sentimentale bouleversante et sublime qui ne pourra que vous emporter dans son tourbillon vertigineux, si poétique et pourtant si juste, si sincère. Aujourd’hui je vous donne rendez-vous, en espérant que mes mots rendront justice au chef d’oeuvre de Raphaël Aubert, à La Terrasse des Éléphants.
« Se déroulant sur près d’un demi-siècle en Suisse, en France, au Cambodge et au Vietnam, « La Terrasse des Éléphants » est le roman de la rencontre et du destin.
Un homme et une femme, qui se sont connus dans leur enfance et ne se sont plus jamais revus durant de longues années, peuvent-ils demeurer liés ? Qu’est-ce qui, en dépit de tout, unit les êtres ? Est-on maître de sa vie ? Ou n’est-ce encore qu’une illusion ?
Le héros de « La Terrasse des Éléphants », Raphaël Santorin, a été correspondant de guerre au Vietnam où il a assisté à la fin du régime de Saigon. Alors qu’il est parvenu à un âge où l’on dresse le bilan de sa vie, ce passé, malgré les années écoulées, continue de le hanter. Un rêve le ramène aux Hautes Terres, la maison familiale qui a tellement compté dans sa vie, où il est conduit à une étrange découverte. Elle fait resurgir du néant la figure de Laure, le grand amour de son enfance. Dès cet instant les événements vont s’enchaîner mystérieusement jusqu’à lui faire remettre ses pas dans ceux du passé. »
Ce qui m’a attirée en tout premier lieu, c’est la poésie du titre. La Terrasse des Éléphants… Qu’est-ce que c’est ? Qu’est-ce que ça signifie ? Rien que ça, ces quelques mots énigmatiques, ça m’a intriguée et déjà fait voyager.
Et ils préfiguraient très bien ce que j’allais retrouver du début à la fin du roman : l’idée d’un voyage poétique et sentimental, à travers le monde certes, mais surtout à travers le temps.
Car du temps, il s’en passe dans ce touchant récit qui se déroule sur pas loin d’un demi-siècle ! On se laisse bercer, tout d’abord, par les allées et venues entre le présent d’un homme ayant atteint l’âge de raison et le passé de souvenirs provenant d’époques diverses auxquels s’accrochent, toujours, le visage de personnes ayant compté.
Et puis, au détour d’une de ces réminiscences qui déjà semblent être reliées par le recel commun d’un mystère enfoui, le visage de Laure surgit, le premier amour de Raphaël jamais véritablement oublié. Alors se produit un déclic. Le personnage se lance donc à la recherche de son amour d’enfance, peut-être bien d’ailleurs de son vrai grand amour. Seulement, quarante années se sont écoulées entre temps. Au cours de cette enquête pour retrouver les traces de Laure, le passé révèle ses trames complexes, ses coïncidences et ses actes manqués, tout ce qui, mystérieusement, a œuvré pour garder ces deux destins curieusement liés.
Je l’ai déjà dit il me semble, mais rarement une lecture m’aura autant touchée que celle de La Terrasse des Éléphants. Bien-sur, l’élégance du style de l’auteur y est pour beaucoup : tout est vécu dans ce roman comme dans une sorte de rêve feutré, adouci par le voile jeté sur les événements du passé, et on touche presque par moments (notamment avec le récit du fameux été de la rencontre avec Laure) à de petits bouts de paradis perdus. Et en même temps, les émotions y sont si vives, si perçantes et si justes, nullement atténuées par le temps qui passe. Un très beau contraste qui met en valeur la sentimentalité derrière chaque chose.
Mais je crois que c’est plus que ça. Ce livre ne vous invite pas simplement à suivre les sinuosités futiles d’une rêverie nostalgique, il n’est pas là pour faire l’éloge naïf d’un passé heureux mais révolu qu’il serait de bon ton de se remémorer avec une certaine nuance de regret impuissant, non. Ce livre propose, à travers un personnage hanté par le souvenir tenace d’une part de son enfance qui aurait dû – il le pressent – trouver son prolongement dans sa vie d’adulte, de démêler les fils du destin, de rattraper les moments heureux que ce dernier lui a fait manquer et de découvrir ce vers quoi, finalement, sa vie devait le guider, Laure, le rivage auprès duquel ce même destin, inlassablement, avait choisi de le reconduire. C’est puissant, c’est beau, et ça fait réfléchir sur les chemins que l’on choisit tous, constamment, d’emprunter. En espérant que ces trajectoires et ces bifurcations vous ramènent, vous aussi, jusqu’à votre rivage.
Une lecture bouleversante et sublime autour d’un vertigineux jeu de la destinée, voilà ce que vous trouverez en lisant La Terrasse des Éléphants. Si vous ne connaissez pas encore cette oeuvre, foncez. Allez découvrir ce très beau texte et offrez-vous un moment de grâce.
La Terrasse des Éléphants de Raphaël Aubert, paru aux Éditions de l’Aire en 2011, collection « L’Aire Bleue ».
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