Écriture et Confiance en Soi

 

 

On se retrouve aujourd’hui pour un article « écriture » qui touche à un aspect plus personnel de la chose, mais après tout écrire ce n’est toujours au départ, qu’une aventure individuelle et intérieure, un défi mené en solitaire. Je voudrais aborder la question du rapport entre la confiance en soi (et surtout le manque de confiance en soi) et l’écriture.

En me basant toujours sur ma seule petite expérience personnelle, j’ai envie de réfléchir aujourd’hui avec vous sur ce que le manque de confiance en soi peut entraîner de conséquences sur l’écriture (et vice-versa !), en espérant que ce témoignage trouvera un écho chez vous !

 

Il est vrai que je parle souvent de l’écriture comme d’un « combat« , d’un « défi » personnel (vous pouvez aller lire, à ce sujet, mon article sur La Peur d’Écrire), et je comprend tout à fait que ces termes puissent intriguer certains pour qui écrire est synonyme de plaisir simple, d’exutoire, de loisir… C’est parce que chez moi, et je sais que je ne suis pas la seule, le fait d’écrire a dépassé le stade de la simple passion ; c’est également devenu une sorte d’ambition, un objectif de vie qui entre en conflit avec mon pire ennemi : le manque de confiance en soi.

J’ai envie de placer l’écriture au centre de ma vie, de la laisser guider chacun de mes pas, chacune de mes décisions, que ma vie soit orientée, toujours et toute entière, vers cette ambition et cette certitude inébranlable : j’ai envie d’écrire, J’AI ENVIE D’ÉCRIRE. Je veux inventer des histoires pour les donner aux autres et ne plus les garder cachées au fond d’un tiroir. Et j’ai envie de le crier sur tous les toits : j’écris ! … Mais je n’ose pas.

Je n’ose pas parce que je n’ai pas confiance en moi, et donc forcément pas confiance non-plus en ce que j’écris. Je ne me sens pas légitime pour en parler, probablement parce qu’aujourd’hui je n’ai encore rien achevé, (je me demande d’ailleurs si ce sentiment serait différent si j’avais déjà terminé mon texte et s’il avait été publié … est-ce que le fait d’avoir accompli quelque chose, d’être allé jusqu’au bout, rend vraiment plus « légitime » pour parler d’écriture ? Je laisse la question en suspens … ), mais surtout parce que je me demande, après tout, qui ça pourrait bien intéresser. Pourquoi mes écrits mériteraient-t’il qu’on parler d’eux, eux qui me paraissent parfois si banals, si simples, surtout en comparaison avec ce que d’autres peuvent écrire …

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Au fond, le problème réside dans le fait que j’ai transféré mon maladif manque de confiance en moi à ce que j’écris, à ce que je crée. Et donc inévitablement, à partir de ce moment là il devient très difficile d’être fière de mes textes. La conséquence directe, c’est que je n’assume pas le fait d’écrire tellement le jugement que je porte sur mes textes est sans pitié, j’en ai presque honte, je cache ce que je crée. Je n’ose pas en parler (mais peut-être par superstition aussi : si je commence à parler concrètement d’un projet qui n’a pas encore vu le jour, alors peut-être qu’il n’aboutira jamais ? Les voies du karma sont impénétrables et j’espère quand même un peu ne pas être la seule tordue à avoir ce genre de raisonnements bizarres…), je n’ose bien évidemment pas partager ça avec mes proches les plus intimes et je n’ose même pas nommer ça comme il se doit : je sais depuis le début (c’est à dire depuis que j’ai appris à tenir un stylo dans le bon sens) que je vais écrire des romans, et je sais aussi pertinemment que ce sur quoi je travaille en ce moment est destiné à être un roman, mais je ne peux pas en parler en le nommant autrement que mon « texte » ou mon « projet », quelque chose de vague et qui ne veut rien dire, qui ne concrétise absolument rien. En disant que j’écris un roman, j’ai l’impression de vraiment trop m’avancer, de m’attribuer un mérite qui n’est pas le mien, de voler quelque chose.

Et donc je m’auto-censure, toute seule comme une grande ! Prise en étau entre mes deux plus mauvais réflexes (à savoir 1- me comparer et 2- accorder une importance démesurée au regard des autres, à ce qu’ils pourraient penser de mal dans l’éventualité potentielle où peut-être-on-ne-sait-jamais ils liraient ce que j’écris), je fais disparaître en quelques sortes ce que je crée et c’est comme si, finalement, ça n’existait pas puisque je n’en parle jamais, jamais jamais, et que même pour moi seule je suis incapable de le nommer correctement sans éprouver une espèce de culpabilité inexplicable.

Moi et ma vieille copine, A.K.A. l’inexistence totale de confiance en soi, on se crève donc à étouffer mon rêve de petite fille : écrire des romans. Et à force, on a presque fini par y arriver ! Mais heureusement, certains rêves se révèlent plus coriaces que d’autres.

 

Je me suis donc secouée. je me suis forcée à aller contre toutes ces manies stupides et contre-productives que j’avais développées (avec un certain talent tout de même. Ça demande un petit effort de créativité de se trouver autant de défauts et de faiblesses au quotidien, et j’aimerais conserver ce mérite-là). J’ai pris la décision ferme que je devais écrire, que je devais y arriver et qu’un jour c’est certain, mon (premier) roman serait achevé.

Dans un premier temps, je me suis forcée à admettre que ce fameux roman futur n’était pas hypothétique mais déjà bien réel : la preuve, j’en tiens les premiers chapitres entre les mains ! Ce n’est pas parce qu’il n’est pas terminé qu’il n’existe pas et que je n’ai pas le droit d’y croire férocement.

Ensuite, j’ai cessé (malgré tout de même quelques petites récidives mais bon, « chassez le naturel … » ) de l’appeler « projet » ou que sais-je. C’est un roman. J’écris un roman, il n’y a pas de mal à ça.

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Sachet de cartouches d’encre vides, ou de l’intérêt des trophées personnels d’écriture.

Je me suis aussi imposé des objectifs ou quotas d’écriture à atteindre chaque mois, mais toujours des objectifs réalisables, le but n’étant pas de me décourager mais bien de me prouver que je peux y arriver en m’accrochant un peu. Et quantifier la progression de mon texte, en comptant les pages supplémentaires par exemple, apporte quelque chose de très positif. L’évolution devient visible et je m’amuse maintenant à battre mes scores d’écriture des mois précédents !

J’arrête également de juger mon propre style. Au lieu de bloquer sur une virgule avec insistance en me demandant ce qui cloche (jusqu’à arriver à l’inévitable conclusion qu’après tout, qui me dit que ce n’est pas l’intégralité du truc qui cloche, hein ? HEIN ??), j’écris, j’écris, j’écris. J’entasse les pages noircies, j’avance, on verra plus tard pour les corrections et le perfectionnement.

Et enfin, j’apprend à partager un peu. Avec quelques personnes de mon entourage, (un ami d’enfance toujours de bon conseil et mon copain qui, sans doute aveuglé par les yeux de l’amour, est toujours débordant de compliments pas forcément très constructifs mais en tout cas très bon pour l’égo !), mais aussi avec vous, à travers ce blog et les réseaux sociaux. Et laissez-moi vous dire que c’est bon de se sentir entourée, de pouvoir échanger, pour sortir un peu de la solitude que c’est, parfois, d’écrire contre des angoisses.

 

Petit à petit, j’ai ravivé mon envie d’écrire en accordant enfin le droit d’exister à mon roman. J’arrive à reprendre confiance en ce que j’écris, et je me place désormais dans un cercle vertueux qui me pousse à poursuivre et à croire, plus que jamais, que mon but est réalisable. Et si certains jours je perds à nouveau confiance, je m’accroche un peu plus fort et je garde bien en tête l’objectif que je me suis fixé et que je n’ai désormais plus peur, enfin un peu moins, d’affirmer : « j’écris un roman ».

 

 

J’espère que cet article vous a plu et que cette thématique, explorée à travers ma seule expérience personnelle, aura éveillé chez vous de l’intérêt, que peut-être vous vous serez reconnus, d’une manière ou d’une autre, dans ce témoignage ! N’hésitez pas à vous joindre à la réflexion dans les commentaires et à venir me rejoindre sur Instagram !

 

Prenez soin de votre créativité,

 

Marie.

13 commentaires sur “Écriture et Confiance en Soi

  1. Très bel article ! Personnellement quand je manque de confiance en moi les mots ne sortent plus et la page blanche s’installe. Il me faut me remettre d’aplomb pour réussir à de nouveau écrire. L’écriture est plus qu’une passion chez moi car ça me permet de poser des mots sur mes maux ce que j’ai beaucoup de mal à faire oralement ☺️ Je te souhaite une belle journée.

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  2. Merci pour ce partage 😊 Je me retrouve bien dans ce que tu dis, y compris le fait d’avoir muselé ce rêve pendant des années! Ça a été pareil pour moi et je me souviens qu’au moment où je me suis enfin autorisée à dire tout haut « j’ai envie d’être écrivain », j’ai eu l’impression que des verrous sautaient! 😀 Ça a vraiment été libérateur 😀 Depuis quand le manque de confiance en moi ou les doutes se font trop présents, j’essaie de me rappeler ce que j’ai ressenti ce jour là, je vais lire sur mon blog ce que j’ai écrit sur ce moment et je fais en sorte de m’y accrocher! Ça ne fait pas disparaître les doutes à tous les coups mais ça aide 😊

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    • Merci pour ton commentaire ! Et j’ai remarqué exactement le même phénomène que toi : à partir du moment où je me suis dit clairement que je voulais écrire des livres, ça a été comme une libération, et j’ai réussi à me remettre à écrire vraiment !

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      • Oui comme quoi, nous sommes nos propres bourreaux et saboteurs! 😅 Bon je blâme aussi un peu la société, qui considère que l’écriture n’est pas un vrai métier, mais vu que j’ai déjà publié un coup de gueule à ce sujet je ne vais pas me répéter! 😅😂

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  3. Ping : Un Mal Terrible Se Prépare – Laurent Lussier – The Mountain Girl in the City

  4. Très bel article ! Je me retrouve un peu dans celui-ci ! C’est tellement compliqué parfois de se défaire du regard des autres.

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  5. Je te souhaite de bientôt écrire le dernier mot de ce roman, et que d’autres suivent. 🙂

    « est-ce que le fait d’avoir accompli quelque chose, d’être allé jusqu’au bout, rend vraiment plus « légitime » pour parler d’écriture ? » : pour ma part, je peux te répondre que, non, je ne me sens pas légitime, malgré les années et les publications, j’ai toujours l’impression que d’autres le font bien mieux que moi, et je ne vois pas ce que je pourrais raconter d’intéressant.

    (PS : rien à voir, mais je suis abonnée à ton blog depuis un moment, et pourtant tes articles n’apparaissent pas dans le « feed »)

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    • Merci Olivia pour ces gentils mots ! Et oui, c’est bien ce qu’il me semblait que le sentiment de légitimité ne venait pas forcément avec le nombre de publications ou leur caractère officiel (édités ou pas). Ça doit venir d’autre chose, de la place qu’on s’accorde à soi-même je suppose…
      Et merci pour la remarque ! C’est étrange, je regarderai s’il y a moyen d’arranger ça !
      Belle journée Olivia ☀️

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