Mes premiers coups de cœur du Grand Prix Des Lectrices Elle 2020 !

 

Bonjour bonjour !

Cette année, j’ai la chance de faire partie du jury du Grand Prix Des Lectrices du magazine Elle, édition 2020 ! (c’est la première fois que j’ai l’opportunité de faire un truc pareil, autant dire que je n’en suis pas peu fière !) C’est donc pour moi l’occasion de découvrir chaque mois une sélection variée des dernières nouveautés littéraires… un bonheur pour la passionnée que je suis !

Depuis le début relativement récent de cette aventure, j’ai donc endossé le rôle de chroniqueuse, en plus de ceux, déjà possédés, de libraire, apprentie autrice et relectrice pour l’édition, et c’est donc encore une nouvelle manière de pénétrer et explorer cet univers merveilleux qu’est celui du Livre

Aujourd’hui, j’ai envie de partager avec vous un peu de cette équipée livresque à travers quelques premières chroniques, longues ou courtes, écrites dans le cadre du prix littéraire.

Bonne lecture !

 

Le Ghetto Intérieur, Santiago H. Amigorena

grand prix des lectrices elle 3

« Vicente Rosenberg est arrivé en Argentine en 1928. Il a rencontré Rosita Szapire cinq ans plus tard. Vicente et Rosita se sont aimés et ils ont eu trois enfants. Mais lorsque Vicente a su que sa mère allait mourir dans le ghetto de Varsovie, il a décidé de se taire. 

Ce roman raconte l’histoire de ce silence, qui est devenu le mien. »

 

À travers le Ghetto Intérieur résonne le grondement assourdissant d’un sentiment d’impuissance terrifiant face à l’horreur de ce que l’on nomma plus tard la shoah. L’intimité du point de vue nous fait entrer avec une efficacité douloureuse dans cette histoire familiale bouleversée, comme tant d’autres restées anonymes, parfois oubliées, par la part la plus sombre de l’Histoire.

L’auteur nous livre un cri, mais un cri muet, paralysé par la honte, la colère et la tristesse mêlées. Un chaos intérieur qui ne saurait se dire avec des mots, la révolte du corps qui à la puissance accablante de la douleur protéiforme oppose un silence absolu et déterminé, obstiné, une sorte de mort symbolique. Un refus ultime. Une négation. Car que sont les mots face à l’injustice totale, à la cruauté sans limite contre laquelle il n’est possible d’agir. Que sont-ils lorsque nous demeurons les spectateurs empêchés et immobiles d’abominations. Finalement, que peuvent-ils.

 

Des Hommes Justes, Ivan Jablonka

Attention, celui-là c’est mon énoooorme coup de cœur !

 

grand prix des lectrices elle 4« Comment empêcher les hommes de bafouer les droits des femmes ? En matière d’égalité entre les sexes, qu’est-ce qu’un « mec bien » ? Il est urgent aujourd’hui de définir une morale du masculin pour toutes les sphères sociales : famille, entreprise, religion, politique, ville, sexualité, langage. Parce que la justice de genre est l’une des conditions de la démocratie, nous avons besoin d’inventer de nouvelles masculinités : des hommes égalitaires, en rupture avec le patriarcat, épris de respect plus que de pouvoir. Juste des hommes, mais des hommes justes. »

 

Et voici donc l’ouvrage que l’on attendait. Le nécessaire, l’utile, le juste. Un véritable texte féministe. Car le féminisme vrai, le seul viable, vise à une égalité entre les sexes, à abolir les dominations et les rapports d’exclusion de toutes sortes. Et c’est ce qu’Ivan Jablonka nous propose. Dans ce texte très documenté et clair, l’injustice millénaire faite aux femmes est bien sûr fortement décriée, en décortiquant avec minutie ses racines et ses conséquences jusqu’à nos jours, mais pas seulement : il est aussi question dans cet ouvrage de l’injustice faite aux hommes, la seconde face de la pièce qui accompagne forcément l’autre, en partant d’une idée toute simple : le sexisme ne nuit pas seulement aux femmes, nous en sommes tous, d’une manière ou d’une autre, les victimes.

Il nous démontre comment le sexisme, encore si bien établi dans nos mœurs, empoisonne la condition des deux sexes : car comment vivre heureux/ses dans une société où les unes sont considérées comme inférieures, inaptes, faibles et irrationnelles, et où les autres doivent à l’inverse sans cesse prouver qu’ils sont dignes d’une masculinité jugée privilège en s’interdisant de ressentir, de s’émouvoir, de faillir parfois, en ne connaissant que la force, la violence et la compétition comme manières de démontrer leur valeur en tant qu’individu, dans une société où toutes et tous enfin se construisent à travers une distribution inégalitaire des chances et des devoirs ?

Dans ce texte riche et parfois dur, nous montrant avec une honnêteté crue les injustices faites à tous et toutes, la violence de ces prisons de rôles dans lesquels chaque individu se retrouve enfermé et  accepte ou non ce sort liberticide et les conséquences qui en découlent, Ivan Jablonka parvient malgré tout à conserver un certain optimisme et lance des pistes, des encouragements, des appels pour faire évoluer les choses, nous rappelant que malgré tout, la condition et le bonheur de chacune et chacun demeure, toujours, entre nos mains.

 

Un Mariage Américain, Tayari Jones

 

grand prix des lectrices elle 1« Celestial et Roy viennent de se marier. Elle est à l’aube d’une carrière artistique prometteuse, il s’apprête à lancer son business. Ils sont jeunes, beaux et incarnent le rêve américain … à ceci près qu’ils sont noirs, dans un Etat sudiste qui fait peu de cadeaux aux gens comme eux. Un matin, Roy est accusé de viol. Celestial sait qu’il est innocent, mais la justice s’empresse de le condamner. Les années passent, et la jeune femme tient son rôle d’épouse modèle jusqu’au jour où cet habit devient trop lourd à porter. Elle trouve alors du réconfort auprès d’Andre, son ami d’enfance. À sa sortie de prison, Roy retourne à Atlanta, décidé à reprendre le fil de sa vie qu’on lui a dérobé … »

 

Lire Un Mariage Américain, c’est se laisser envoûter par une écriture puissante qui nous offre, à travers le jeu des points de vue changeants, une plongée au cœur d’une histoire complexe et douloureuse de laquelle ne peuvent finalement ressortir ni bons ni méchants. Chaque protagoniste s’y retrouve en lutte contre des obstacles judiciaires et moraux et tente de reprendre le cours de sa destinée avec la liberté, souvent bafouée, qui lui est due.

Dans ce roman où l’injustice tient, à bien des égards, le premier rôle, Tayari Jones a le don de nous plonger avec un réalisme et une sincérité saisissants dans la psyché de ses personnages et de faire entendre leurs points de vue, au-delà des circonstances qui les opposent, comme justes et légitimes.

Ce roman n’est pas de ceux que l’on voit passer sans en garder un vif souvenir, bien au contraire.

Suspendus aux lignes imprimées, c’est le vertige de destins bouleversés que nous contemplons, ces vies qui, touchées par un hasard cruel et déloyal, s’échappent sans retour possible. C’est le naufrage lent et irrémédiable d’existences ordinaires, leur dissolution dans les bras pernicieux d’une injustice abreuvée d’un racisme latent mais toujours présent.

 

Le Couteau, Jo Nesbo

grand prix des lectrices elle 2Harry Hole a réintégré la police criminelle d’Oslo, mais il doit se contenter des « cold cases » alors qu’il rêve de remettre sous les verrous Svein Finne, ce violeur en série qu’il avait arrêté il y a une dizaine d’années et qui vient d’être libéré.

Outrepassant les ordres de sa supérieure hiérarchique, Harry traque cet homme qui l’obsède. Mais un matin, après une soirée bien trop arrosée, Harry se réveille sans le moindre souvenir de la veille, les mains couvertes du sang d’un autre.

C’est le début d’une interminable descente aux enfers : il reste toujours quelque chose à perdre, même quand on croit avoir tout perdu. »

 

Jo Nesbo nous entraîne dans une nouvelle enquête passionnante aux côtés du charismatique Harry Hole, personnage haut en couleurs, aux mœurs parfois détonantes et doté d’un instinct redoutable.

Dans ce nouvel opus de la saga (qui compte ainsi son 12ème tome), nous retrouvons Harry Hole au pied du mur, enlisé dans une affaire qui l’affecte de la plus cruelle des manières et qui le place sur le banc des suspects autant que sur celui des victimes. En prise avec ses vieux démons, étourdi et sans repère au cœur d’un cauchemar éveillé, il doit, plus que jamais seul au monde, résoudre cette nouvelle enquête de laquelle dépend, d’une certaine manière, sa survie.

Dans ce polar saisissant, on se laisse volontiers guider par une intrigue riche de rebondissements et de coups de théâtre, et si parfois les cheminements et déductions auxquels elle souhaite nous conduire peuvent paraître un peu (trop ?) prévisibles, le charme opère malgré tout et le suspens nous porte avec facilité jusqu’au point final.

 

 

J’espère que cette revue livresque vous a plu ! D’autres suivront dans l’année pour vous présenter mes dernières découvertes faites dans le cadre du prix. En ce qui me concerne, ces deux premiers mois de lecture ont apporté leur lot de bonnes surprises, de coups de cœur, malgré quelques textes moins appréciés dont j’ai préféré ne pas partager la critique ici. Vivement la réception des prochains ouvrages !

En attendant, vous pouvez lire ma précédente chronique ici : Un vent de surnaturel a soufflé sur mon été !

Et vous pouvez venir me rejoindre sur Instagram !

Prenez soin de vous, lisez,

et à bientôt !

 

Marie.

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