Je dois reconnaître que j’avais un peu commencé à l’oublier, ce sentiment. Ce mélange particulier de hâte, de peur et d’excitation quand tu te dis : « ça y est, j’ai cette idée en tête et je vais lui donner vie ». Un nouveau projet. Un nouveau roman. Frénésie qui ne sait pas ce qu’elle veut au juste, ce qu’elle cherche. Qui ne sait pas par où commencer, par quel bout attraper le truc. Et c’est vrai qu’on peut aussi bien appeler ça un « truc », parce que (en ce qui me concerne en tout cas), rien n’a jamais aussi peu de forme définie qu’une idée comme ça, qui me vient un beau jour et qui demande à ce que je l’écrive. C’est ce qui m’arrive en ce moment. Je vois le « truc », je vois de quoi il pourrait parler, et en même temps je ne sais pas du tout quelle forme lui donner. Il faut tout faire à partir de rien, tout créer, tout construire à partir du plus abyssal et angoissant des vides : la page blanche. Une page vierge, une étendue infinie de papier qui attend d’accueillir les idées qui viennent, absolument toutes les idées possibles. Parce qu’en cet instant tout est possible, avant que l’étau ne se resserre à mesure que tu écris. Tu peux créer n’importe quoi.
Il y a eu une nuit, il y a quelques semaines de ça, où je n’ai pas réussi à fermer l’œil. Du tout. Je suppliais pour parvenir à m’endormir, que mon cerveau s’arrête de tourner aussi vite, et pendant ce temps un schéma était en train de se dessiner en coulisses. Les visages de nouveaux personnages, les nœuds qui les relieraient bientôt. Leurs problèmes. Leurs désirs. Leurs souvenirs d’enfance. Tout. Le soleil s’est levé et j’étais prête. J’ai gardé cette idée en moi pendant quelques jours, le temps de l’apprivoiser un peu, de la jauger, de voir si une fois l’excitation passée j’avais toujours envie de m’engager sur cette voie-là. Et au bout de quelques jours, une semaine, je me suis décidée. J’ai acheté un cahier tout neuf et je me suis mise au travail.
Mais par où commencer ? Sur la première page j’ai écrit « concept global », puis une dizaine de lignes pour décrire en gros à quoi ressemblerait ce nouveau projet. Pas pour m’y tenir, mais pour garder une trace. Pour retrouver la racine, le point initial, si un jour je me perds.
Ensuite, une liste intitulée « les thématiques », avec un certain nombre d’idées pour revenir piocher plus tard. Les liste, j’adore ça. C’est d’ailleurs l’un des symptômes majeurs de mon enthousiasme, et c’est pourquoi on en retrouvera beaucoup (beaucoup beaucoup) dans ce cahier. Quelques notes diverses, des pensées pour plus tard. Et puis je me suis mise à parler de l’un de mes personnages, que je vois déjà assez clairement parce que je lui ai ressemblé, un jour. C’était presque des retrouvailles.
Et puis j’ai tourné la page et commencé d’autres listes : liste de péripéties et d’évènements possibles, liste de lieux, liste de personnages secondaires… Je reviendrai par la suite piocher dedans, ou peut-être pas. C’est là de toute façon. En grattant ces bribes d’idées sur le papier, le projet doucement prend forme. Certains éléments se précisent déjà nettement, d’autres (la majorité) sont empêtrés dans un flou presque opaque qui ne me gêne pas pour le moment. Le voile se lèvera en temps voulu pour révéler la solution, je me dis, en attendant continuons à écrire là où les images se forment. C’est ça, écrire : chercher des réponses à des énigmes qu’on se fabrique soi-même. Et parfois d’ailleurs, la réponse vient avant la question.
Petits pas par petits pas, j’avance, je défriche. Et j’ai la sensation de suivre le même parcours que quelques années plus tôt, quand je réfléchissais à mon premier roman et que tout ne tenait encore que sur quelques feuilles volantes. Je retrouve mes marques.
Quand cette première vague d’inspiration est couchée sur le papier, bien à plat, quand ce premier élan est retombé, c’est le moment de me mettre dans ma bulle. Je ressors mes méthodes d’écriture, dont L’Anatomie du Scénario de John Truby, pour y chercher des conseils qui vont m’inspirer, me donner à réfléchir à des éléments auxquels je n’avais pas pensé. Je prépare des fiches, je trace des frises chronologiques que j’oublierai de compléter par la suite. Je lis des interviews d’écrivains, j’écoute des podcasts sur le sujet. Je m’enferme là-dedans, cherchant aide, conseils et témoignages partout où il est possible d’en trouver. Je regagne le monde merveilleux de l’écriture et de ceux qui la pratiquent, galvanisée par le spectacle de l’histoire qui se crée sous mes yeux et je me dis : « c’est là qu’est ma place ».
Merci de m’avoir lue ! De nouveau, j’avais envie de te partager un peu de mes aventures sur le thème de l’écriture, une activité qui est depuis si longtemps une vraie passion pour moi, et je dois dire que je prend plaisir à écrire pour toi ces petits textes. Tu peux en découvrir d’autres sur cette thématique dans la rubrique « écrire » (https://themountaingirlinthecity.com/category/ecrire/) du blog, et aussi venir partager ta propre expérience dans les commentaires. Je te prépare pour bientôt la suite d’un précédent article nommé « Quand tu confies ton roman à ses tout premiers lecteurs », où je te parle d’oser sauter le pas, de bêta-lecture, d’attente et de confrontation aux regards des autres ! J’espère que ça te plaira. Tu peux aussi me rejoindre sur instagram : https://www.instagram.com/themountaingirlinthecity/?hl=fr
A bientôt,
Marie.
Wow, c’est ça, le courage de dire et la force d’agire, bonnes continuations…
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